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La régulation institutionnelle : l'éloge du conflit ?


Compte rendu de la rencontre-débat trimestrielle du 5 avril 2011 - La régulation institutionnelle : l'éloge du conflit ?

Christine Olivier présente un dispositif d'intervention psychosociologique mis en place auprès d'un établissement médico-social qui dépend d'un conseil général.

La demande, conduire des groupes d'analyse de pratique, n'a pas été clairement identifiée comme une demande de régulation ou de travail sur les conflits. Or, à travers la conduite de ce dispositif c'est justement l'intervenant qui doit accompagner l'ensemble des acteurs pour qu'ils puissent co-construire le conflit et les désaccords avec l'ensemble des parties concernées.

L'intervenante a centré son analyse sur le groupe d'analyse de pratiques des chefs de service.

Pour toutes les interventions, la première étape analyse la demande à travers une rencontre exploratoire. Celle-ci a permis de mettre au jour le climat qui régnait dans l'institution et les difficultés importantes quant à la communication avec l'équipe de direction : un des participants ne voulait pas s'exprimer, un autre précisait sur un ton assez agressif qu'en tant que chef de service il n'avait pas besoin d'analyse des pratiques, d'autres précisaient encore qu'ils avaient déjà eu ce type d'analyse des pratiques mais que cela n'avait servi qu'à « déverser » et à « se plaindre » pour reprendre leurs expressions, etc… Mais pour tous, le problème ne se situait pas là mais au niveau de l'équipe de Direction.

Or, la tentative d'impliquer la direction échoue, par deux fois. Il est dès lors impossible de mettre en place un dispositif de régulation institutionnelle si les groupes ou les professionnels en conflits ne sont pas présents.

Gagner peu à peu la confiance des groupes et de la direction, tout en continuant à tenir l'objectif d'une régulation institutionnelle a permis peu à peu d'organiser les conditions d'un début de régulation institutionnelle et de clarifier les difficultés : la nature des conflits est essentiellement en lien avec l'organisation du travail, la multiplicité des professionnels et la pluridisciplinarité. Mais elle est aussi en lien avec l'accueil d'urgence, le manque de places et les injonctions paradoxales. Quelques mois de travail sur l'analyse des pratiques ont ainsi permis au groupe de commencer à comprendre l'intérêt et la nécessité des désaccords, de la controverse et des conflits pour pouvoir l'aborder avec l'équipe de direction.

Mais, au bout de deux ans d'intervention, les conditions d'une régulation du conflit ne sont sans doute pas encore réunies.

Enfin, Christine Olivier insiste aussi sur l'importance des séances de supervision organisées au sein d'Expression, qui permettent de réfléchir ensemble et d'interroger le désir de l'intervenant.

Le débat permet de mettre l'accent sur la temporalité nécessaire à ce type d'intervention. Il faut aussi accepter la faible capacité d'un collectif à reconnaître et à gérer le désaccord. L'apprentissage, la mise en évidence des liens individu-groupe et groupe-institution permettent petit à petit de se diriger vers une acceptation des conflits. Pratiques professionnelles, organisation du travail et fonctionnement constituent un continuum qu'il est nécessaire de rendre visibles à l'ensemble des participants, y compris l'intervenant.


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