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Quelles formations sur l'interculturalité pour les professionnels ? (2)


Lors de la rencontre du 8 novembre 2011 nous vous proposons de venir écouter deux intervenants autour de l'interculturalité en formation. Briac Chauvel, ethnologue consultant questionne les modes d'utilisation du relativisme dans les formations interculturelles. Sandrine Chenivesse, anthropologue psychosociologue, interroge les interactions entre le management à la française et le management à la chinoise. Nous vous invitons à lire leur texte ci-dessous en vue de la rencontre débat du 8 novembre 2011.

Quelles formes de relativisme dans les formations visant à construire des approches interculturelles ?

Toute formation visant à construire des approches interculturelles dans l'action sociale et éducative contient des objectifs généraux. Quels que soient le thème, les participants, le contexte d'intervention, il est nécessaire de consacrer un certain temps de travail à l'étude des préjugés et des stéréotypes culturels, religieux, sociaux et sexués, à l'exploration des représentations de l'altérité et des interactions identitaires, au dévoilement de divers types d'ethnocentrismes afin de mettre en œuvre des processus de compréhension fondés sur l'usage de certaines formes de relativisme. Ethnologue de formation, j'interviens régulièrement auprès des acteurs sociaux et éducatifs sur les diverses questions dites interculturelles. Il m'arrive fréquemment de chatouiller l'ethnocentrisme des stagiaires avec la formule de Montaigne « chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage ; comme il semble, au vrai, que nous n'avons d'autre mesure de la vérité et de la raison que l'exemple et l'idée des opinions et des usages du pays où nous sommes ». L'emploi du relativisme culturel en formation n'est pas sans soulever des incompréhensions et des questions profondes de la part des intervenants et des participants. S'agit-il d'appliquer un relativisme moral permanent, de céder au nihilisme ou de renoncer à l'universel ? L'indifférence anthropologique est-elle une condition indépassable de la compréhension de l'altérité ? Dans quelle mesure certaines instrumentalisations du relativisme culturel permettent-elles de justifier le culturalisme, le communautarisme, l'ethnicisation des rapports sociaux ou des pratiques discriminatoires ? La loi, les règles de déontologie professionnelles, les normes démocratiques constituent-elles des limites claires à l'utilisation du relativisme dans l'action sociale et éducative ? Les formations dites interculturelles peuvent-elles contribuer à dessiner les contours d'un « relativisme anthropologique d'utilité sociale » et critiquer l'usage discutable d'un relativisme culturel absolu qui conduirait nécessairement au différentialisme ? À partir d'exemples concrets recueillis en formation, concernant par exemple les conceptions de la violence et de la maltraitance, les normes corporelles et alimentaires, les relations de genre, les représentations de la politesse, je tenterai de proposer des conditions d'exercice du relativisme en formation.

Être manager en Chine au XXIe siècle ou le Dao du management.

L'ouverture de la Chine au commerce international, puis le déploiement des entreprises occidentales sur le territoire chinois ont créé l'opportunité d'interactions inédites sur le plan managérial. Alors que le management à l'occidentale s'est imposé en premier lieu et de façon unilatérale, il a dû rapidement se confronter à de nouvelles formes d'intelligibilité : des logiques autres, des manières de penser, de faire et d'agir différentes, nourries par les deux principaux courants de la pensée chinoise, le confucianisme et le taoïsme. Par ailleurs, dans le contexte de la récente période de ralentissement économique mondial et de crise partagée, il peut être intéressant d'abandonner notre vision occidentale et de faire un détour par la Chine pour penser autrement. Quelles sont la perception et la réaction managériale face à la crise selon la pensée chinoise ? Par quelles voies (Dao) l'appréhender et l'affronter autrement ? Et quelle leçon en tirer en regard de nos propres représentations ?


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