top of page

DISPOSITIF DE REGULATION - EQUIPES EN TENSION

Retour sur la rencontre débat du 20 novembre 2020


Vendredi 20 novembre 2020 a eu lieu la Rencontre débat animée par Christine OLIVIER, directrice d’Expression, Anne-Dominique DERIEUX, coach et psychopraticienne, Laetitia RICCI, psychosociologue. La porte d’entrée pour traiter la thématique, « Régulation / Equipes en tension » était de s’appuyer sur les témoignages des commanditaires. En l’occurrence étaient présentes, la responsable formation d’une collectivité territoriale, une responsable de mission locale, la cheffe de service d’un foyer de jeunes travailleurs. Les autres participant.e.s étaient des professionnel.le.s intervenant sur la question de la conflictualité, notamment au travers de dispositifs de régulation, de supervision, d’accompagnement type coaching, en interne entreprise ou en cabinets extérieurs. La Rencontre débat s’est déroulée en visioconférence, compte tenu du contexte sanitaire et du nombre de participant.e.s proche de trente. Christine OLIVIER a rappelé le positionnement d’Expression : renforcer le pouvoir de penser et d’agir dans la transformation. Cela passe notamment par le fait de garantir des espaces d’élaboration, où la parole peut être déposée, dans la sécurité du cadre tenu par les intervenants. Laetitia RICCI a animé un sociogramme, un outil qui permet à un groupe de créer du lien, de commencer à se connaître en un temps restreint et de se situer personnellement à partir de son propre vécu vis-à-vis du thème de la Rencontre débat. Le sociogramme est basé sur des questions auxquelles chacun.e répond, en levant la main ou en se levant, en fonction du mode présentiel ou distanciel. Chaque participant.e a ensuite été invité.e à exprimer son ressenti pendant cette expérience du sociogramme. Voici quelques partages : • Renforce le sentiment d’appartenance à un groupe, en préservant ses différences • C’est un premier pas, préalable à la prise de parole • Moindre engagement corporel, du fait de la visio • Fait vivre la sensation d’être isolé, d’être en désaccord avec le groupe Les débats se sont ensuite engagés sur la question centrale de la conflictualité. Que faire quand la parole n’est plus possible, avec des refus d’accepter la parole de l’autre ? Ces situations de conflits entrainent beaucoup de souffrance dans les équipes, mettant en difficulté l’équipe, les cadres, le service, voire l’institution elle-même. Il est important de « dé-personnifier » les conflits. Au travers de ces conflits interpersonnels, ce sont bien souvent les difficultés ou transformations organisationnelles qui se mettent en scène. Alors que faire pour que selon la formule de Christian Glaudel : « la manifestation des tensions ne soit plus une entrave à l’objectif de travail mais devienne l’objet de travail. » ? Pour répondre à cette question, le témoignage d’une responsable de formation a été central. Elle a évoqué une situation problématique sur un territoire, à la suite du regroupement de 2 équipes, le passé souffrant toujours présent et un management de proximité en difficulté pour faire face à la complexité de la situation. Cette responsable a bien prévenu la direction qu’il faudrait du temps, beaucoup de temps pour que les choses évoluent favorablement. Effectivement, entre l’élaboration de la demande institutionnelle, la proposition portée par Expression et sa mise en œuvre, un an a été nécessaire. Dans le dispositif, Il y a eu deux phases, qui ont duré 9 mois : • Une phase de diagnostic • Une phase centrale de régulation, avec différents modes d’accompagnement, en individuel ou en collectif, en groupe plénier, en sous-groupes, animés/autonomes, par groupes métiers Pour elle, l’important, c’est de se mettre en mouvement, « Prendre le risque de se planter, c’est mieux que de ne rien faire ». Pour limiter les risques, il faut se donner des marges de manœuvres, des possibilités de s’adapter au mieux à la situation, dans le cadre du dispositif. La professionnelle d’Expression, qui a mené la mission, a insisté sur l’importance des différentes étapes, et notamment, la phase de diagnostic. Elle est essentielle pour que, dans un contexte où la parole est entravée, douloureuse, voire dangereuse, chacun.e puisse exprimer une parole, une demande, sa singularité. Il est fondamental que chacun.e, puisse entendre la demande de l’ « autre ». L’objet des restitutions, à chaque étape, est bien de faire émerger les messages que les participants ont envie de porter, entre eux, vis-à-vis de leurs cadres, et de l’institution. La co-construction est un élément constitutif des dispositifs proposés par Expression. Car oui, il faut sortir de la vision traditionnelle du professionnel « expert », celui qui connaîtrait la bonne recette. Elle a insisté sur les petites avancées qu’il est important de nommer, d’éclairer, pour que la transformation devienne visible et porteuse d’espoir. L’intervenante Expression a été attentive à tenir la tension entre rassurer d’une part et prendre des risques d’autre part. Travailler le conflit, c’est travailler avec les émotions et parfois, avec de vieilles émotions enfouies et pourtant, toujours à l’œuvre dans les relations et les pratiques professionnelles. Mais c’est pour mieux les dépasser et faire avec. Bien-sûr, c’est un processus qui peut faire peur. Toutes deux, commanditaire et intervenante, ont posé la qualité de la relation avec les commanditaires et les cadres comme condition de réussite de ces dispositifs. Les émotions sont souvent « tabou » dans les organisations, parler des émotions, parler avec émotion, c’est parfois « passer pour un guignol ». C’est là que le travail sur les demandes est essentiel, car bien souvent il s’agit de faire se rencontrer les besoins des professionne.lle.s de dépasser des émotions, une souffrance, leur stress, avec les exigences institutionnelles. Humilité, congruence et authenticité sont les postures que nous mettons au travail chez Expression, en interne comme dans nos interventions. La meilleure façon de se redonner du pouvoir d’agir c’est de dire ce qu’on fait et de faire ce qu’on dit. Tout un programme !

Jean-Paul Lebrun, chargé de développement Expression

bottom of page