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Formation FCG :quand les dynamiques de groupe se dévoilent

  • Expression
  • 17 juin
  • 3 min de lecture

Si la formation à la conduite de groupe (FCG) s’adresse à des professionnel.le.s qui souhaitent apprendre à conduire des groupes d’analyse de pratiques et/ou de co-développement des pratiques avec une approche psychosociologique, elle peut également permettre de questionner sa posture de formateur, comme le raconte Johannes Lindell.


Je voudrais vous présenter ici mon expérience de la formation FCG (Formation à la Conduite de Groupe) d'Expression, que j'ai abordée en tant que stagiaire. Enseignant à domicile et formateur, j'étais curieux d'élargir mes compétences dans les domaines de l'analyse des pratiques professionnelles et du codéveloppement. Issu d'un parcours en philosophie (titulaire d'un Master 2), cette formation représentait pour moi bien plus qu'un simple ajout de compétences : elle était l'occasion de mieux comprendre le fonctionnement d'un groupe et de transformer ma pratique d'enseignant.


La formation FCG est organisée selon une modalité semi-ouverte : une séance mensuelle, des entrées en septembre et janvier, un engagement sur six séances réparties sur neuf mois. Ce cadre flexible m'a d'emblée interpellé car il reproduit les défis que je rencontre dans mes propres cours : comment maintenir la cohésion d'un groupe quand les participants ont des temporalités différentes ? Peut-être que la réponse réside dans la qualité des moments partagés plutôt que dans leur fréquence.


L'approche par classe inversée (supports donnés en amont) m'a questionné sur ma posture professionnelle. En philosophie, si je suis habitué à laisser émerger la réflexion avec mes élèves, ici je découvrais une logique différente : accompagner un processus d'analyse collective de situations concrètes vécues, sans transmettre de contenu théorique.


Lors de la première journée, quand il a fallu qu'un volontaire se propose pour conduire le groupe en analyse des pratiques, j'ai décidé de me lancer. Cette prise de risque m'a confronté à une posture radicalement différente. Dans mes cours de philosophie, j'accompagne le déploiement de la pensée en étant attentif aux bifurcations conceptuelles, mais ici, le rôle de facilitateur imposait une attention portée exclusivement aux processus de groupe, sans apporter de contenu.


Accepter le silence pendant les 10 minutes d'exposition de la situation, c'était accepter un autre rapport au temps. Cette expérience m'a fait réfléchir : est-ce qu'en me concentrant sur les idées, je passe parfois à côté des émotions et des relations ? Peut-être que mon habitude de rebondir sur les concepts m'empêche de percevoir les non-dits.


La phase où la personne qui présente sa situation doit se taire pendant que le groupe évoque des pistes de solution m'a particulièrement marqué. Comme enseignant, j'ai souvent ressenti cette frustration de voir mes élèves partir dans des directions que je n'avais pas anticipées. Mais ici, j'ai compris que cette frustration révélait ma difficulté à faire confiance au processus collectif. Sans doute cette résistance vient-elle de mon habitude de garder un fil conducteur conceptuel.


L'étape de régulation finale - que j'avais oublié lors de ma première facilitation ! - s'est révélée être la clé de voûte de ma transformation. Cet oubli révélait ma tendance à privilégier le contenu sur le processus. Cette séquence m'a ouvert les yeux sur une dimension que je négligeais : comment le groupe vit-il les échanges ? Comment les tensions peuvent-elles être créatrices ? Peut-être que la réponse réside dans cette capacité à nommer et à accueillir les résistances plutôt que de les contourner.


Ces découvertes ont convergé vers une prise de conscience globale. Je réalisais que j'étais parfois plus attentif aux résistances intellectuelles qu'aux résistances relationnelles. Quand un élève "ne suivait pas", j'analysais principalement les enjeux de compréhension conceptuelle, en accordant moins d'attention aux enjeux de positionnement dans le groupe, aux peurs de jugement, aux frustrations non exprimées.


L'approche FCG me permet désormais d'intégrer une nouvelle posture dans mes cours. J'apprends à distinguer les moments où je dois être enseignant (accompagner une réflexion avec des apports conceptuels) et ceux où je peux être facilitateur (accompagner un processus sans apporter de contenu). Sans doute cette alternance permet-elle de créer des espaces différents pour les élèves. Cette formation m'a révélé une posture complémentaire à celle d'enseignant : celle de facilitateur, qui accompagne un groupe dans ses propres processus sans apporter de contenu, en étant attentif aux frustrations, aux résistances et aux élans créatifs qui émergent.


Johannes Lindell, formateur consultant



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