Intérêt de la restitution du travail en groupes restreints dans un dispositif de régulation
Le dispositif de régulation vise à travailler sur la conflictualité, qu’elle soit à l’œuvre au sein d’une institution ou d’une équipe. Comme nous l’avons évoqué dans le dernier « flash-méthodo » dans le cadre de ce dispositif, il nous semble important, surtout si nous travaillons avec un groupe formé de plus de 14 personnes, de proposer un travail avec des petits groupes constitués de 5 à 7 personnes. Il est nécessaire de donner à chacun des petits groupes une tâche à réaliser ensemble dans un temps donné et d’observer comment chacun des membres s’organisent pour la traiter. L’intervenant aura pris le soin de préciser qu’un temps sera également attribué pour restituer le travail du petit groupe en plénière devant l’ensemble des professionnels concernés par la régulation. Le petit groupe devra se mettre d’accord à la fois sur les réflexions qui restent dans ce groupe mais aussi sur celles qui seront exposées lors de la plénière.
Les enjeux lors de cette réunion plénière ,qui peuvent aller jusqu’à 50 personnes, sont importants. Un restituteur est choisi dans chaque petit groupe. Ce travail de choix n’est pas toujours simple car, pour éviter de faire face à la conflictualité, les petits groupes peuvent avoir tendance à construire rapidement une forme de groupe d’appartenance très forte. Ces membres du groupe peuvent avoir ainsi envie de se vivre comme un bon groupe et refuser d’exprimer ce qu’ils pensent ou ce qu’ils ressentent devant les autres groupes. La menace est expulsée hors du groupe.
Par ailleurs, le restituteur doit pouvoir expliciter ce sur quoi chaque personne du groupe est d’accord et ce qui constitue une différence entre eux, puis comment ils ont décidé ensemble ce qui constituerait l’essentiel de leur restitution.
Dans le cadre d’un dispositif de régulation, l’idée est bien de se centrer sur le fonctionnement du groupe. Ainsi, l’intervenant peut observer si les membres d’un même groupe s’autorisent à compléter, ajouter ou préciser quelque chose en rapport à la restitution et, surtout, si les autres groupes peuvent intervenir et souligner certains points du travail réalisé par les autres groupes. En plénière, ce qui est observé, c’est le travail entre les groupes.
Une des difficultés rencontrées est la différence entre ce que les membres d’un groupe peuvent écrire et ce qu’ils vont dire à l’oral lors de la restitution. L’idée est de pouvoir avoir un restituteur qui rédige et un autre qui accepte de prendre la parole au nom du groupe lors de la plénière. Si ce travail de différenciation entre l’écrit et l’oral n’est pas possible, les animateurs du grand groupe doivent prendre le temps de reformuler ce qui est énoncé dans le grand groupe.
Le principe, pour qu’un mouvement puisse s’amorcer par rapport au fonctionnement du grand groupe, est de percevoir en quoi chaque acteur a pu se transformer en acceptant de prendre en compte « le même » et « le différent » au sein du groupe restreint et au sein des différents groupes. Or, en réunion plénière, l’expression des singularités est particulièrement difficile et dépend de la personnalité, du statut, et de la légitimité à prendre ou pas la parole devant les autres.
Christine Olivier, psychosociologue
Comments