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FORMATION A LA CONDUITE DE GROUPE SESSION : un retour subjectivé

Ma formation clinique et de management, assurée en tant que directrice d’établissement de la protection de l’enfance, représentent des atouts pour animer des groupes, ainsi qu’une appétence pour cette forme d’accompagnement. Toutefois, une formation s’avère nécessaire si je souhaite poursuivre dans cette voie. La formation à la conduite de groupe proposée par Expression, approche holistique qui permet, notamment, d’expérimenter aussi bien en tant qu’animatrice que participante ce qui se joue individuellement et collectivement, correspond à mes attentes. Analyser le fonctionnement du groupe pour mieux le conduire D’emblée, la première séance de formation débute par une présentation des outils préalables, le référentiel CQQCOQP et la rencontre exploratoire. Cet acronyme, par ces différentes questions, détermine ce que l’on pourrait appeler « le décor » puisqu’il explore tant les questions pratiques que les premiers questionnements vis-à-vis de la demande. La rencontre exploratoire s’attache à l’expression, par les différents protagonistes, de ce qui fonde la demande. Ainsi, se dessine la configuration du service, ce qui est attendu, précise le contexte dans lequel se situe le groupe d’APP. Le premier temps d’échange avec la direction est essentiel, et déjoue les doutes sur les intentions éventuellement cachées de celle-ci, en assurant à l’équipe la possible neutralité de l’intervenant. La présentation par chaque participant de ses attentes, offre à l’intervenant une première vision du groupe. Chacun évoque tout à la fois ce qu’il pense, ou ce qu’il pense devoir énoncer devant le groupe. Parallèlement, il s’agit de s’assurer de leur participation et leur engagement à amener une situation, et relever les éventuelles résistances. Autant d’éléments qui construisent la vigilance de l’intervenant et façonne sa position face à l’élaboration collective, tout en traçant les premiers contours du groupe. Il s’agit de reconnaitre les différences dans un groupe pour favoriser une harmonie, tout en évitant la dilution de l’individu dans un collectif d’équipe, par un assentiment convenu sans effet dans la pratique professionnelle. La formation m’a permis d’expérimenter la position de participant et d’intervenant, à la découverte de ma propre posture avec le groupe vis-à-vis des silences, des désaccords, des prises de paroles ... Ce repérage m’a permis d’affiner mes perceptions, mon analyse du groupe. Repérer ce qui nous sollicite positivement ou à l’inverse ce qui peut nous « agacer » – sachant qu’aucune de ces positions n’est confortable, il s’agit d’en être conscient – aide à différencier ce qui est notre « dynamique » de celle du groupe. Prendre conscience des difficultés et des limites de l’accompagnement collectif dans le cadre professionnel Si le conflit, et la confrontation des points de vue, sont considérés comme faisant partie intégrante de la dynamique de groupe, il est important de savoir relever quand cela détourne de l’analyse des pratiques. Quand des conflits d’équipe ou un désaccord sur un sujet institutionnel s’invitent dans cet espace, ou des problèmes de communication qui affectent l’équipe dont les rôles se révèlent difficiles à départager. Le cadre n’est plus vraiment celui d’une analyse de pratiques. L’objet du débat n’est plus centré sur l’élaboration d’une situation. L’intervenant peut exceptionnellement apporter un éclairage sur une dynamique institutionnelle, en jeu avec un évènement et parfois même en faire un objet de travail d’analyse de pratiques. Pour l’avoir expérimenté, la communication entre les membres d’une équipe est un vrai sujet dans la mesure où la pratique entre professionnels est à l’étude comme une situation. En revanche, il est essentiel de bien considérer les limites de cette élaboration qui ne peut se transformer en un espace de régulation, sans être nommé. La difficulté à faire groupe peut être révélateur de difficultés d’identification des différents participants à des fonctions et des rôles mal définis « où chacun cherche sa place », créant des clivages entre les professionnels. L’intervenant peut aider par la médiation, une compréhension de la situation et agir comme un révélateur à partir des situations évoquées. Parfois, le professionnel peut présenter une situation qui fait écho à sa propre histoire, exprimant de vives émotions difficiles à contenir. Il s’agit de s’interroger sur comment soutenir le professionnel, engager le groupe à respecter la parole de l’autre en toute confidentialité. Permettre aux professionnels d’identifier leurs difficultés dans leur pratique de conduite de groupe d’analyse des pratiques Le déroulé de l’analyse des pratiques doit être tenu par l’intervenant de façon à ne pas laisser les participants s’engager dans un échange informel. En effet, cette « contrainte » d’écouter l’exposé d’une situation sans intervenir, astreint à écouter, identifier et interroger les différences de pratique. Celles-ci peuvent paraitre en opposition, pour autant pas contradictoires, faire la preuve qu’elles peuvent s’exercer autrement en se complétant. En laissant le temps du déroulé, sans intervention, il est possible de se centrer sur le discours du sujet. L’intervenant doit être le levier pour que le groupe puisse s’élever afin de ne pas s’enliser dans le « soi-disant » des évidences souvent trompeuses. L’intervenant doit aider à déplier l’écheveau des émotions et des sentiments, des ambivalences chez l’un, chez l’autre et en soi. Il prend ainsi conscience des dysfonctionnements, des problèmes et des difficultés rencontrées, pour favoriser l’élaboration collective vers une meilleure cohérence. Ceci en s’appuyant sur les pratiques évoquées sur la situation, non sur le professionnel qui s’exprime. L’intervenant doit se mobiliser non sur la réponse mais sur la question en elle-même. C’est à mon sens en cela que la rigueur évoquée ci-dessus est essentielle tant pour le groupe, que l’intervenant. L’intervenant se doit ainsi de professionnaliser son intervention, en renonçant au pouvoir imaginaire que l’on ne cesse de nous attribuer. Ainsi, je prends conscience que ce n’est pas l’intervenant qui offre la solution mais le cadre de l’analyse de pratiques qui permet ce temps d’élaboration collective, qui va permettre à chacun.e de trouver ses propres ressources. Comme les cadres de service, que j’ai longtemps accompagnées – qui réalisaient qu’elles pouvaient trouver elles-mêmes, leurs propres pistes de travail.

Christine Lassus Lalanne, intervenante en analyse des pratiques professionnelles




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