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Le rôle de l’animateur d’un groupe dans la prise de parole des participants

Nous nous intéressons ici à la prise de parole dans un groupe composé de 8 à 12 personnes qui ont la volonté de s’engager et de s’impliquer dans la dynamique du groupe.


Dès les premières années de leur vie, les enfants apprennent à l’école que la parole se prend en levant le bras :  c’est l’enseignant qui a le pouvoir de distribuer ou pas la parole. Les enfants suivent ainsi la demande de l’enseignant, soit de répondre à une question, soit de poser une question. Dans certaines écoles, et notamment en maternelles, il est possible d’aller prendre un bâton de parole. C’est le bâton de pluie ou le doudou qui donne le pouvoir de parler. Les apartés, c’est-à-dire les interactions entre deux ou trois personnes, ne sont généralement pas encouragés et parfois sanctionnés ou considérés comme du bavardage.


Dans les réunions professionnelles, associatives, les groupes de formation, les groupes de parole ou de thérapie plusieurs modalités de prise de parole sont à l’œuvre. Nous allons les expliciter succinctement dans le paragraphe qui suit. 


En tant qu’animateur, il est préférable d’être conscient que si rien n’est dit sur la prise de parole, les participants vont consciemment ou inconsciemment reproduire des attitudes habituelles acquises à l’école, dans leur équipe de travail et/ou en lien avec leurs représentations de ce qui peut ou doit se faire dans ce type d’espace


L’animateur peut inviter chacun à s’exprimer, c’est le traditionnel « tour de table ». Parfois, l’animateur précise que cette prise de parole n’est ni systématique ni d’une durée équivalente pour chacun. A l’école, il est rarement demandé à tous les enfants de s’exprimer car cela prendrait trop de temps et les enfants sont trop nombreux dans une classe pour qu’ils puissent chacun s’exprimer. 


Cependant, l’animateur peut également solliciter les interactions entre les personnes sans attendre forcément la prise de parole de chacun pour commencer à associer et construire une pensée collective autour d’un objectif commun. 


Si les participants n’arrivent pas à associer, l’animateur peut reprendre le pouvoir et lui-même établir des liens entre ce qui est dit par deux ou trois personnes différentes. Il peut également reformuler les propos en cernant le commun et le différent.


Cette pensée va s’élaborer en lien et en articulation avec des idées, des opinions, et des propositions énoncées par un membre du groupe.


L’animateur peut ainsi expliciter qu’il ne distribuera pas la parole et renvoyer la responsabilité sur chaque personne. Chacun devra alors sentir s’il peut ou pas prendre   la parole, s’il coupe ou pas la parole d’un autre, s’il accepte ou pas la frustration que cela ne se passe pas exactement comme il aurait voulu. Dans ce cas, l’animateur sera le garant de ce type de fonctionnement de groupe. Il devra contenir, en cas d’excitation et d’annulation de toutes les paroles si tout le monde parle en même temps, mais aussi en cas de conflits entre deux personnes. Face à ces prises de parole ou les désaccords s’expriment avec beaucoup d’affects et d’émotions, l’animateur doit savoir reprendre le pouvoir pour réguler et médiatiser.


 Finalement son rôle est bien de reprendre le pouvoir si l’état émotionnel et affectif des participants ne leur permettent plus l’écoute, la prise de recul et la transformation.


Ainsi l’animateur doit pouvoir avoir suffisamment de recul, sans enjeux et implications importants pour lui dans les échanges et les décisions qui seront prises dans le groupe. Pour l’animateur, le rôle de facilitation et de régulation de la parole dans le groupe est dominant, celui de production doit rester minime.  


Christine Olivier, psychosociologue  




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